mardi 13 février 2018

Mon chien Stupide de John Fante

A dire vrai, sans moitié, je ne me serais probablement jamais penchée sur ce bouquin. Mais comme je lui ai ramené de la médiathèque, que le résumé était sympa, que le titre me rappelle mon chien et qu'on m'a vanté la drôlerie de l'affaire (et qu'il est court !), je me suis laissée tenter. Expérience... spéciale.

Année de parution : 1987
Nombre de pages : 184 pages
Genre : contemporaine
Edition : 10/18







Synopsis :
D'origine italienne, Henry Molise vit en Californie, mais garde au fond de lui son rêve de partir vivre à Rome pour retrouver ses origines. Mais ce rêve est également symptomatique du mal-être qui l'habite. Auteur de scénarii minables, père de quatre ados-adultes indignes, relations instables avec sa femme, Henry se demande où est sa vraie place. Jusqu'à l'arrivée de Stupide, un énorme chien errant qui a élu domicile chez cette famille -pas si- atypique. Ce nouveau venu va faire remonter à la surface les rancœurs, les vraies personnalités, et les vérités de chacun. Henry doit alors faire des choix entre ses rêves et sa famille, pour trouver la stabilité qui calmera ce joyeux bordel à l'américaine.

Mon avis :

Pour une fois, je vais commencer par une approche stylistique du roman, puisque c'est ce qui m'a frappée en premier ! L'écriture est acide, aiguisé, elle a quelque chose d'assez plaisant. Mais c'était sans compter sur le choix des mots, des thèmes, des champs lexicaux... 

Laissez-moi vous en dire davantage. Même pas arrivés à la page 10, donc, LE gros événement de l'histoire, qui va servir de fil rouge... le chien s'excite.


"L'animal bandait. Une gigantesque carotte de la Vallée de Salinas émergeait de son fourreau poilu comme pour humer l'air nocturne et de son unique œil fendu faire un tour d'horizon."

A partir de ce moment-là, il faut reconnaître qu'on pourrait se servir du livre comme d'un exercice de synonymes pour collégiens. Pour ça, de l'imagination, il y en a ! On passe donc du registre du pot-au-feu (carotte - de Salinas, svp - poireau) au registre anatomique plus basique (membre, pénis), en cheminant bien sûr par le glorieux glaive.

Manque de chance, ce chien est un véritable obsédé sexuel, faisant l'admiration de son nouveau maître, et le sujet revient sans cesse sur le tapis.

Bon, ne soyons pas trop sévère, il y a peut-être moyen de sauver les meubles avec l'histoire. Bienvenue dans le quotidien d'un couple qui vivote depuis des années, en pleine phase de "je t'aime moi non plus", attendant avec impatience que ses quatre enfants se décident à quitter la maison. Le nouvel arrivant, Stupide, cristallise toutes leurs tensions ! Pas de chance.
Et comme un malheur n'arrive jamais seul, la progéniture est aussi gratinée que son charmant paternel, sur lequel je reviendrai plus tard...
* Dominic, l'aîné, semble avoir pour seule préoccupation de s'accoupler avec des Afro-américaines, collectionnant les trophées de chasse. Ce qui n'est pas au goût de sa maman, qui ne raffole pas de l'exotisme.
* Tina, seule fille de la fratrie, s'est entichée d'un militaire dont le passe-temps favori est de vider les réserves de mauvais whisky, de jambon et d'oeufs de beau-papa.
* Denny, lui, est l'artiste de la famille. Acteur en devenir, il tyrannise sa mère. En même temps, faut pas déconner, elle lui rédige des dissertations médiocres qui ne décrochent pas des notes suffisantes. On s'agacerait pour moins que ça.
* Jamie, enfin, est le petit dernier. Gentil, bon en maths... il détonne avec les autres. Ah, non, on me signale dans l'oreillette qu'il va vite rentrer dans le rang en sortant du droit chemin. Ouf !

Mais le meilleur, incontestablement, c'est le papa. Henri, narrateur, imbuvable, macho et méprisant. Écrivain raté qui n'a rien publié depuis un bail. Et un tout petit peu macho. Mais trois fois rien.

"D'habitude elle était docile, aimable et un peu rancunière, mais quand on outrepassait certaines limites, elle s'en allait."

"Un chien était certes une fort belle créature, mais il ne savait pas repasser les chemises ni préparer les fettuccini ou le poulet marsala, pas davantage écrire une dissertation sur Bernard Shaw, et puis un chien a l'air sacrément idiot en bas noirs."

J'en ai tellement soupé, de ce mec, qu'à ses menaces régulières de partir en Italie, ma petite voix intérieure lui criait : "mais caaaaaaasseuh-toi !"

Eh bien voilà, mon aventure avec cet auteur s'arrête là, le style caustique et cynique n'a pas suffi à me conquérir et me harponner durablement... Pas plus que cet ersatz de sexualité d'un auteur quinqua qui a l'air d'avoir des soirées bien solitaires. Heureusement, c'était assez court.
Je vais me tourner vers des auteurs chouchous histoire de retrouver un peu de douceur de lecture. Cependant, tout le monde ne partage pas mon avis, en témoigne Soundandfury sur son blog, alors peut-être que vous, il saura vous toucher !

4 commentaires:

  1. Oh cool il a l air de t avoir bien plu !! C est agréable hein de sortir des sentiers battus de temps en temps. Quelques perso auxquels tu retournerais bien deux claques ça detend. En tout cas moi je me suis autant amusée avec ton article qu avec le livre.

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    1. Ahah autant d'ironie dans ton commentaire que dans mon article, bien joué ! De temps en temps, c'est agréable, oui. La plupart du temps même, parce qu'on le fait pour des livres qui nous ont été grandement vantés ! Mais parfois, ça ne colle pas !
      Ravie d'avoir pu t'amuser un peu ! ;)

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  2. Je suis un brin déçue ! J'aimerais bien découvrir l'auteur mais dans un autre registre !

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    1. Je ne saurais t'orienter vers un autre roman ! Mais si tu trouves une pépite, tu pourras peut-être me motiver à retenter l'expérience !

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